Territoires du cinématographe VIII


Journal d’une résidence de création artistique et de médiation culturelle en Ardèche

La lectrice ou le lecteur souhaitant connaître la raison d’être de ce journal peut en lire l’introduction, exposée en préambule à sa première livraison 1.

Huitième partie : Cinéma sine die, exposition sauvage, septembre 2020 – 19 mai 2021

 

« (…) Une mémoire qui a été entièrement purifiée de tout souvenir, qui n’est plus qu’une sorte de brouillard, renvoyant perpétuellement à de la mémoire, une mémoire sur de la mémoire, et chaque mémoire effaçant tout souvenir, et cela indéfiniment. »

– Michel FOUCAULT 2

 

Écrire sur des salles de cinéma vides, dont l’une d’entre elles au moins ne reverra plus de spectateurs avant même qu’une fête de clôture aura pu être donnée pour célébrer sa fermeture définitive : projet si accablant que je ne me sentais ni la force ni l’imagination de l’entreprendre sans une voix protectrice, non qui pense à ma place, mais au moins qui m’indiquât une ligne à laquelle me tenir si je venais à m’égarer. Comme je garde ouvert depuis quelques temps, en manière de viatique, les Dits et écrits de Michel Foucault, je me suis demandé s’il avait pensé au cinéma. Pas beaucoup dirait-on, mais je suis tombé sur une conversation entre lui et Hélène Cixous à propos de Marguerite Duras. J’ai vu dans cet échange, entrant vite dans le champ de la mémoire, un lien avec ce dont je voudrais parler. En est extrait l’exergue à la présente livraison de ce journal.

Car c’est une livraison bizarre, chahutée, mais par du silence. Entre le 22 août, date à laquelle se clôture la précédente, et le 5 mars, date à laquelle il s’est de nouveau passé quelque chose dans ma résidence, je n’ai pas ajouté une virgule à ce journal, sans parler de rien en publier. Ce n’est pas tout à fait vrai. Le 17 novembre j’ai interviewé Moïse Maigret d’Écran Village, mais je n’ai pas encore publié notre conversation, ce qui ne saurait plus tarder 3. Le 5 mars en tout cas j’ai pris des notes. Depuis, il s’est passé d’autres choses encore.

En écrivant je me suis avisé que, sans doute prise par la léthargie, ma mémoire avait été comme lavée de toute une vague de souvenirs antérieurs, qui à mesure que j’écrivais ont commencé à émerger du brouillard. Souvenirs de choses qui auraient bien voulu se passer et n’ont pas pu, que nous avions tantôt juste imaginé réaliser, tantôt préparées et même sérieusement engagées. Tant et si bien que j’ai interrompu l’écriture des événements récents et fait mon possible pour rassembler ces souvenirs égarés. Je les ai rédigés et agencés sans déroger à la forme du journal ni dans la syntaxe ni dans la datation. Ce qui signifie qu’à nouveau, de septembre à mars, ce journal n’en est pas un puisque ce texte date du mois de mai. J’assume cette part supplémentaire de fiction. La fin reprend fidèlement l’allure diariste.

Septembre, reprendre le fil…

Avec Les Écrans qui, contrairement à la Maison de l’image albenassienne, intervient sur les deux rives du Rhône, nous avions presque dès le départ l’ambition de donner un jour une prolongation drômoise à cette résidence, afin d’étendre ce travail de documentation à l’ensemble du territoire couvert par l’association. Et cette fois, en y associant l’amie Anne-Lore Mesnage 4. Pour varier les styles et les idées, mais surtout par affinité humaine, pour retrouver le plaisir de dire quelque chose ensemble deux ans déjà après notre collaboration avec Émilie Valantin 5, et parce qu’elle sait y faire lorsqu’il s’agit de déplacer mes lignes. Un dossier avait été déposé à Valence en décembre 2019. Au début de l’été 2020 nous avions reçu ces mots de Mickaël aux Écrans : « Je vous informe que le Département de la Drôme vient de nous notifier une aide pour une résidence de ce côté du Rhône ».

Idéalement cette résidence devrait commencer en cette rentrée scolaire. Sommes-nous engourdis par l’annulation de la dernière journée de Lussas fin août ? Ou, déjà suffisamment inquiets de la suite de la partie ardéchoise, peu enclins à rien prévoir d’autre tant la remise à l’arrêt du pays semble inévitable à court terme ? Impossible en tout cas de nous réunir pour initier cette résidence drômoise à l’avenir péniblement flou.

Octobre, en attendant…

Dès le départ en outre, nous avions choisi d’organiser la résidence ardéchoise en deux phases successives. L’année 2019-2020 consacrée à la création photographique et à l’écriture, et l’année 2020-2021 consacrée à la restitution du travail créatif sous forme d’expositions. En sorte que l’une et l’autre phases bénéficieraient de toute notre concentration sans se parasiter mutuellement, et qu’au moment de travailler à la diffusion des images, nous connaîtrions l’ensemble de ce qu’il y aurait à diffuser.

Cette distinction a manifestement perdu de son sens. À ce jour, mes Territoires du cinématographe sont loin d’avoir répondu à l’enjeu initial porté par son titre. Des territoires géographiques et humains envisagés, la matière actuelle ne documente qu’un « parage incomplet », pour reprendre une expression déjà utilisée à ce propos dans ce journal. Non faute de territoire, mais faute de cinématographe : États généraux de Lussas amputés, activités scolaires inexistantes depuis mars, saison festivalière hivernale improbable…

Nous avons donc sacrifié notre intention de ne pas mêler temps de création et de restitution et décidé d’avancer dans les deux directions simultanément. Le département nous suit. Merci à eux. Nous allons commencer à diffuser une partie des photographies de la résidence dès maintenant sous forme d’expositions légères d’une vingtaine d’images s’adaptant aux capacités d’accrochage de chaque lieu. Et parallèlement je vais reprendre les prises de vues dès que possible pour collecter les images manquantes tout en poursuivant les entretiens avec les acteurs de terrain. La grande exposition rétrospective de cette résidence se fera à partir de novembre 2021 et tout au long de l’année 2022. Un livre peut-être, pour plus tard.

Les 14 et 15 octobre 2020, Aubenas

Une idée de restitution était de montrer dans les festivals des sélections de photographies axées sur celles réalisées lors de leur édition précédente. Donc une exposition aux 22e Rencontres des Cinémas d’Europe du 14 au 22 novembre 2020 et une au 38e festival d’Annonay fin janvier 2021. Pour préparer la scénographie de la première, prévue dans le hall du Navire, je suis venu passer deux jours à Aubenas. Même si les Rencontres s’annoncent moins rencontrantes que l’an dernier – pas de Bournot, donc pas de lieu de discussion, pas de débats, pas de buvette, juste des séances de cinéma, ce qui est mieux que rien mais s’éloigne de l’idée du festival –, ce projet d’exposition nous y croyons, au moins extérieurement. Avec Philippe et Magali nous prenons des mesures, imaginons des séquences, certaines encadrées, d’autres collées au mur, évitant les poteaux, ou les utilisant, négociant avec le vide et le plein, avec l’architecture du lieu à la fois récente et mal fagotée pour y accueillir des photographies. Les adultes amateurs de briques Lego le sont aussi d’acronymes, qui s’autoproclament par exemple Afol, pour Adult Fan of Lego. Ils en ont un pour désigner ces pièces, rares dans mon enfance mais proliférant de nos jours, à la jouabilité nulle car ne servant qu’à une seule chose : ce sont des Spud, pour « Single Purpose Ugly Design » (« fonction unique, forme hideuse »). Typiquement : les éléments de coque de navire sont des Spud. Le hall du Navire d’Aubenas en son genre aussi est un Spud. Il ne sert qu’à ce qu’il sert : canaliser le spectateur putatif de la rue à la salle en passant par le guichet. Son usage de l’espace le qualifie assez pour ressortir au junkspace de Rem Koolhaas 6. Pourtant au bout de deux heure nous l’avons dompté ce hall, et fait nôtre ! Cette exposition, nous la voyons. Elle est dans nos têtes et le sourire à nos lèvres. Dans la foulée nous demandons des devis à Tristan Zilberman et Michel Wierzbicki, les camarades de La Fabrique de l’image et l’Atelier du cadre à Meysse… Vivement dans un mois !

Ce séjour est aussi l’occasion d’un point téléphonique avec Mickaël. Nous nous fixons rendez-vous au 5 novembre pour une journée de rencontres à la Cartoucherie de Valence avec différentes professionnels des métiers du cinéma afin de préparer le début de l’extension drômoise des Territoires du cinématographe.

Le 29 octobre

Rideau général.

Le 5 novembre, Valence

Journée à la Cartoucherie de Valence annulée.

12 au 22 novembre, Rencontres des cinémas d’Europe d’Aubenas

Festival et exposition au Navire annulés.

17 novembre, Nyons

Deux belles heures de dialogue en visioconférence avec Moise Maigret, au sujet de son association Écran Village là-haut sur le territoire de Lamastre-Vernoux 7.

29 janvier au 8 février, 38e édition du festival du premier film d’Annonay

Nous n’avons même pas eu le temps de penser à une scénographie d’exposition et d’en parler avec Gaël Labanti à Annonay. Voici ce que dit l’équipe du festival sur ses canaux de communication :

« Depuis le printemps de cette année 2020, la MJC d’Annonay prépare activement la 38e édition du Festival du Premier Film d’Annonay, dans l’espoir de l’organiser fin janvier 2021. Suite à l’évolution incertaine de la situation sanitaire, l’équipe du festival a fait le choix de décaler cette 38e édition du 19 au 29 mars 2021. »

Mais en février, face à l’absence de calendrier de réouverture des salles de cinéma, le programme a dû à nouveau être modifié. Un festival en deux temps a été imaginé, avec une compétition à huis-clos en mars et avril puis, si possible, un événement public en juin. Nous verrons bien.

22 et 23 février, Ruoms, Cruas, Le Teil, Privas…

Le cinématographe, ce sont des festivals, des séances en plein air, des rencontres, beaucoup de façons différentes de faire, et parmi elles, les salles. Cela faisait un moment que j’avais envie de les photographier un peu systématiquement. Dans quelles circonstances ?

Le moment où les gens y entrent ? Cela raconte sans doute la vie de la salle, mais puisqu’il faut éviter que le public ne se reconnaisse j’en arrive vite à reproduire indéfiniment la même image de corps mouvants pris dans un flou indéterminé.

Pendant les séances ? Il y a l’obscurité, photographiquement triviale. Ailleurs qu’à l’écran on n’y voit rien. Et une fois photographié l’écran, qu’on y joue les Hurlements en faveur de Sade 8, Top Gun 9 ou les Harmonies Werckmeister 10, dira la même chose : surexposition. Hiroshi Sujimoto l’a montré dans une série déjà évoquée au début de ce journal, Theaters 11 (je me demande quand même ce que le maître aurait vu s’il avait photographié l’écran noir des vingt-quatre dernières minutes du film de Guy Debord ? un gris pâle ?). Pour ma part j’en ai refait l’expérience l’été dernier dans les projections itinérantes : difficile de ne pas obtenir un écran blanc dès qu’on augmente le temps d’exposition. Et malgré cette uniformisation visuelle l’endroit ainsi photographié est alors quand même réduit à ceci qu’il est ce lieu où un public est en train de regarder un certain film. La question alors de savoir lequel, même si elle est indécidable, devient une des connotations de la photographie, ce qui n’est pas le but.

Reste la salle vide. Pourquoi photographier vide un lieu qui a pour vocation d’accueillir des spectateurs et de stimuler leur imaginaire et leur esprit critique ? C’est bien le public qui vivifie la salle. Que dit-elle sans lui ? De telles photographies ne risquent-elles pas de manquer de substance ? Il me semble qu’une salle vide est aussi une promesse, un ailleurs potentiel, un sens ouvert, borné par rien. Elle est un lieu habité par celles et ceux qui l’exploitent, l’investissent, la décorent, la rendent accueillante, la nourrissent de leur amour du cinéma, et ce faisant façonnent un paysage existant même en l’absence de spectateurs. Elle garde en outre en palimpseste de souvenirs les traces de leurs visites, et continue de vivre chez eux, dans leurs propres souvenirs. Elle est aussi simplement une architecture datable racontant dès l’extérieur une histoire humaine et sociale.

Vide enfin, et éclairée, c’est la manière dont la reçoivent les premiers spectateurs entrant pour la séance. De moins en moins vide à mesure que les gens arrivent, mais éclairée tout de même. Le moment est court, avant que les lumières ne s’éteignent, pendant lequel observer à loisir le décor, tout en se demandant dans quelle histoire on va être embarqué une fois le film lancé. Cette interaction entre un décor et une impatience, j’espère pouvoir la transposer en visitant ces lieux vides. Et puis, vides c’est ce qu’elles sont depuis des mois, en sorte qu’elles seront peut-être contentes de recevoir de la visite ?

Je commence par Ruoms ce matin. J’ai rendez-vous avec David Eschalier, programmateur de l’association Le Foyer, qui m’accueille et m’ouvre la salle, officiellement toujours en activité 12 tant que n’est pas achevée la construction du nouveau cinéma, en chantier à l’orée du centre ville le long du boulevard de l’Europe Unie. Il sait pourtant que Le Foyer ne rouvrira pas. Aucune date de reprise des activités culturelles n’est annoncée par le gouvernement. Et même si c’est avril, ce sera trop tard, sa saison s’arrête avant l’été. Lui et les bénévoles de l’association espéraient pouvoir rouvrir ne fût-ce que pour fermer dignement. Mais la clôture s’est en réalité faite le 28 octobre avec le début de la deuxième période de restrictions sociales, sans fête, sans annonce, sans dignité, sans rien.

« Pourquoi un nouveau cinéma ? » demande le site Internet de la Communauté de communes. Et les pouvoirs publics de répondre : parce que « l’actuel cinéma “Le Foyer”, équipé d’une salle unique de 250 places, ne répond pas aux normes de sécurité actuelles, ni aux normes d’accès à toutes les formes de handicap. Le bâtiment de conception ancienne permettait difficilement d’envisager une réhabilitation de l’existant pour un usage cinématographique moderne. » 13 Ce paragraphe, les mots choisis et les concepts mobilisés ont un parfum de conseil communal houleux. Ce ferait un bon sujet de dissertation : « expliquez l’ambiguïté de l’usage des marqueurs temporels dans l’extrait, puis examinez la dimension politique du recours au syntagme de “normes de sécurité actuelles” en rapport avec le développement du tissus social en zone rurale. Vous vous appuierez sur les travaux d’Ivan Illich sur la convivialité, de Michel de Certeau sur l’homme ordinaire, et de Michel Foucault sur la sécurité et le territoire. Vous avez trois heures ». Cela dit, il a plu dans la cabine de projection, et avant mon arrivée David Eschalier a déjà passé un moment dans les odeurs d’humidité à jeter toutes sortes de reliques détrempées. Mai bon, des fuites, ça se colmate.

L’intérieur de la salle est à l’image de ce que le dehors inspire : magnifique de modestie. Mal fichue sans doute, d’un autre temps, inadaptée, vieillotte, tout ce qu’on voudra, mais qui même déjà morte respire encore la vie, celle que Moïse Maigret raconte de son enfance cinématographique en Ardèche dans notre entretien 14. Elle m’a fait penser à cette chanson d’Alain Souchon, « La beauté d’Ava Gardner » : pareille à ce type d’hommes qu’il y chante, assise sur le bord du fleuve, cette salle était ce qu’elle pouvait. C’est le curé qui l’avait investie dans les années 1950, raconte Pierre-Jean Pluvy, pour « que les filles du village n’aillent pas danser dans les bals le samedi soir ». Il annonçait « la programmation du cinéma lors de la messe du dimanche » 15. David m’ouvre les portes derrière l’écran. Y dorment des projecteurs 35 millimètres démembrés, des amas de bobines, un piano foutu. Il me laisse travailler pendant qu’il continue de nettoyer.

Je me demande souvent, et j’aimerais parvenir à comprendre, si l’émoi que je ressens dans ce genre de lieu est affaire d’une seule nostalgie bonhomme ou si, derrière une sincère inadaptation à la vitesse du monde, une méfiance face à toute chose imposée au nom de notre bien, et un intérêt certes critique pour la lucidité d’Ivan Illich, s’il ne risque pas derrière tout cela de se cacher une frilosité malsaine à l’égard du progrès, voire un goût pour l’exotification de l’autre consistant à l’enfermer dans son « authenticité ». Possible. Mais même si j’ai de nouveau un vélo sans moteur et toujours l’usage de mon Leica M6, j’ai gardé un téléphone, des ordinateurs et un appareil photographique à pixels. Je finis souvent par l’assimiler, le progrès, mais le temps que je comprenne ce qu’il me veut, avec dix à trente ans de retard. Alors, cette nostalgie, de quel genre ? Me sentant toujours triste et dépouillé lorsqu’une réserve de désordre se voit remblayée sous la norme et la structure, j’ai la faiblesse de croire qu’il s’agit simplement ici d’une banale admiration. Une admiration pour des amateurs de cinéma qui ont longtemps tiré bonheur de fabriquer du rêve avec ce qu’ils avaient sous la main : un lieu, de l’inventivité, du temps, un désir, une culture – une liberté en somme, y compris celle de colmater les fuites – et pour l’histoire de la ruralité dont cet liberté bénévole est la trace.

David Eschalier n’a jamais visité le chantier du nouveau cinéma. Nous y allons ensemble. C’est grand et moderne. Plus de deux millions et demi d’euros de travaux, avançant bon train. Participer à cette nouvelle aventure ? Se professionnaliser ? On leur a proposé, aux bénévoles de l’association. La question semble avoir été débattue, mais c’est non. Le changement d’échelle les ferait entrer dans une dimension qui ne les regarde plus.

L’après-midi j’ai rendez-vous avec Gaël Bith, que je connais déjà un peu pour avoir assisté à plusieurs événements l’année dernière au Regain du Teil qu’il dirige. C’est lui qui exploite aussi le cinéma de Cruas. La salle est à l’intérieur de l’Espace Maurice Thorez qui abrite aussi la mairie de la commune. Bâtiment années 1980, me suis-je dit en arrivant. À tort. Construit dans les années 1950, inauguré en 1962, c’est une restructuration de 1998 16 et l’adjonction d’un porche et d’une verrière très droite aux fins montants turquoise qui lui donnent cet aspect moderne. On dirait une page d’accueil d’un site des débuts d’Internet. L’endroit impressionne par la dimension de l’escalier et de la fresque qui accueillent le visiteur. Celle-ci me rappelle le bronze et la mosaïque de l’entrée du Neptunium, le bassin de natation où nous allions avec l’école quand j’étais enfant, mais le temps déforme sans doute ce souvenir. La salle Alain-Hullot, pouvant accueillir spectacles de théâtre comme séances de cinéma, est en haut de l’escalier monumental. On accède donc à la culture en gravissant une haute volée de marches. C’est là en haut que m’attendent Gaël et sa collègue Élodie. Comme ce matin avec David l’ambiance n’est pas à la joie. Ils ont reçu des demandes pour des séances scolaires qu’ils doivent refuser. Ils sont inquiets. Je prends quelques images. Élodie projette pour moi le début des Vacances de Monsieur Hulot. Très étrange sensation en photographiant cette projection en poses d’une demi seconde : je me retrouve à fabriquer des images qu’on pourrait associer sans difficulté au film, reconnaissables, mais qui n’y sont aucunement, le mouvement des personnages créant un flou qui lui est étranger. Cela apporte-t-il quelque chose de neuf pour autant ? Cette question a déjà certainement tourné dans bien des têtes. Et puis comme Élodie voit que je commence à regarder un joli distributeur de tickets de cinéma remisé sur une étagère, elle me sort d’autres reliefs du temps passés, dont le projecteur 35 millimètres d’origine.

Gaël me propose de repasser par le Regain photographier la salle vide, ce que je n’avais jamais réellement fait. Il m’allume les éclairages à diodes rouges qui marquent les escaliers, je reste longtemps à profiter du Regain pour moi tout seul dans cette pénombre rougeâtre. Des images naissent qui me semblent raconter quelque chose, comme une invitation… C’est un beau moment.

Soirée chez Philippe à Aubenas. À l’apéro il joue son exemplaire orignial du MC Solaar de 1994, Prose Combat. Il connaît par cœur chacun des textes. Moi, je découvre et savoure « La Concubine de l’hémoglobine ». Il n’est jamais trop tard. Cette année-là je n’aurais rien pu savoir de MC Solaar ni de quasi rien d’autre. J’avais acheté un petit walkman au bazar de Katmandou pour les nuits de bus vers Leh, Gilgit, Kashgar et Lhassa, et récupéré je ne sais trop comment une cassette de Nusrat, une du guitariste belge Philippe Catherine et une autre de Cat Stevens. Et du monde je n’apprenais que ce que voulait bien m’apprendre la poste restante.

Après le repas nous prenons des risques. Nous nous laissons hypnotiser par un ovni indéfendable commis par Blier père : Calmos 17, une sorte de réponse potache au Black Moon de Louis Malle 18. Je me demande sans cesse si je ne ferais pas mieux de faire autre chose que de rester avachi devant cet écran, et pourtant je tiens jusqu’à la fin. Peut-être pour le plaisir de revoir Jean Rochefort… J’ai toujours l’impression que je l’ai vu dans tant de films, Jean Rochefort. Mais tout bien considéré je ne puis guère m’en rappeler que deux : Je suis le Seigneur du château 19 dont il me reste quelques images baignées dans une ambiance d’enfance sombre et malsaine, et que j’associe à cette brève période de la fin de l’adolescence où le paternel m’emmenait de temps en temps seul au cinéma ; et Le Mari de la coiffeuse 20, tourné en partie à Luc-sur-Mer, Côte de nacre, où les parents nous embarquaient pour un mois de vacances chaque été en 1979, 1980 et 1981, dans une maison de la rue du Point du jour, je dirais au numéro 33. Y penser m’a donné envie de revoir ce film. De revoir Luc-sur-mer aussi, mais ce sera pour plus tard. J’avais oublié à quel point ce conte philosophique était beau et parfait, esquivant d’un souffle délicat tous les pièges des clichés, l’air de s’occuper d’éternité. Comme si Nick Cave avait écrit « Into my arms » sans référence divine. J’avais oublié par exemple la place qu’y tiennent les cassettes de musique arabe. Oublié comment, sans exotisme, sans justification, sans raison – et sans nous laisser croire un seul instant qu’il eût été salutaire qu’il y en eût –, en toute pudeur et nécessité, ces musiques instillent un ailleurs à ce salon d’amour presque clos. J’ai bien dû voir Jean Rochefort aussi dans J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit 21, mais je ne me souviens que de la scène avec Arno et Alain Bashung.

Le lendemain matin je suis parti vers Privas. Il était sans doute écrit dès notre conversation télématique de l’année dernière 22 que je ne rencontrerais pas Patrick Dallet ! Il a dû remonter en urgence dans sa famille en Normandie (peut-être à Luc-sur-Mer ?). Mais il ne m’a pas laissé seul : Laura, avec qui il travaille depuis longtemps, s’est organisée pour m’ouvrir le cinéma. Elle m’accueille chaleureusement, me montre les lieux puis doit partir en ville faire une course. Je reste seul. Parler avec Patrick Dallet était une chose. Découvrir son lieu rajoute une surcouche de réel à sa parole. Tout se met en place, façon puzzle. J’ai l’impression d’entrer chez quelqu’un. Où je n’habiterais sans doute pas, soit. Mais chez quelqu’un qui sait recevoir et prendre soin de ses invités. Quand Laura revient on parle encore un peu. Qu’ait pu naître un lieu aussi déraisonnable, célébrant aussi généreusement le cinéma et avec un tel désintérêt pour les obligations, je conçois fort bien qu’on le doive à la folie d’un homme. Mais qu’il puisse tenir debout en ces temps de piété normative, je ne pense pas prendre beaucoup de risque en avançant qu’il le doit à la ligne contrapuntique ici jouée par Laura, que j’ai sentie tout en respect, fidélité, calme et sagesse.

4 mars, Valence

Nous nous retrouvons dans la matinée à la Cartoucherie de Valence avec Michaël et Anne-Lore pour réfléchir à la forme que nous voudrions donner au versant drômois des Territoires du cinématographe. Enfin a lieu ce moment que nous avions initialement prévu le 5 novembre dernier. Mickaël nous fait visiter le site que je ne connaissais pas. Anne-Lore y était déjà venue il y a des années, peu de temps après son inauguration. Puis nous restons un moment tous les trois à pousser différentes pistes de travail : poursuite de l’activité documentaire côté Drôme pour moi, et avec Anne-Lore, travail de création mettant en lumière le patrimoine cinématographique de la Drôme, notamment à travers les traces humaines et paysagères des lieux de tournage, mais aussi sur les fonds d’images qui doivent sans doute exister çà et là. Ensuite Mickaël nous emmène dans une salle de projection où a invité les acteurs publics et privés du cinéma gravitant autour de ce lieu pour une présentation de notre projet. Les personnes présentes sont très réceptives et ont envie de nous aider. Beaucoup de noms fusent de personnes qu’il faudra rencontrer. J’ai l’impression, sans pouvoir encore dire en quoi, que l’ancrage du cinéma répond à d’autres régimes de diffusion que ceux à l’œuvre en Ardèche. Et si je ne me trompe pas, cela me réjouit car cela signifie que de facto je photographierai des réalités très différentes de l’année dernière.

13 mars, Nyons

L’autre jour je regardais la liste des livres à avoir lu pour présenter l’examen d’entrée à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Beaucoup de jus de crâne, comme disait autrefois Lise Sarfati. Le Photographique de Rosalind Krauss 23 n’étant pas des moindres. Beaucoup dont je n’ai jamais entendu parler, il faudra jeter un œil plus attentif. Et aussi l’excellent Combattre, punir, photographier 24 de Daniel Foliard, que les photographes de conflit ou aspirant à l’être peuvent lire à grand profit. À cette époque l’économie visuelle de la terreur relevait moins du mythe du témoignage nourri par le phantasme de faire cesser la violence, que de montrer la supériorité des vainqueurs sur les vaincus.

Cela m’a fait penser à ceci, que L’Inde Fantôme de Louis Malle devrait être un film 25 et une lecture 26 obligatoires dans toute formation en image documentaire. Ce film et ce livre – le carnet de notes de Louis Malle et l’introduction de Robert Grélier –, posent toutes les questions qu’un photographe devrait à mon sens se poser en regardant autrui. Tout à la fin il revient sur l’objectivité (c’est lui qui souligne) :

« Être objectif, c’est ne jamais donner un point de vue, mais seulement présenter des images et des sons, accompagnés d’informations qui les complètent.

Être objectif, c’est dire aux gens non pas ce qu’ils doivent penser en regardant les images, mais ce que nous avons pensé en les filmant, et aussi ce que je pense, une fois le film monté. »

Et c’est merveilleux de contradiction. Mais c’est une contradiction insoluble. Et c’est toute la beauté de l’entreprise de Louis Malle en Inde : cette tension permanente entre la volonté de ne pas donner de point de vue et la nécessité de dire ce que l’on a vu et pensé de ce qu’on a vu, autrement dit l’impossibilité de ne pas donner de point de vue.

24 mars, Thueyts

Lors de mon petit tour des salles fermées en février, le soir à Aubenas j’avais trouvé Philippe bien chagriné de son quotidien figé de directeur de lieu de diffusion cinématographique et d’éducation à l’image. C’est peut-être pour cela que nous avions regardé Calmos. Je ne sais d’où lui était venue cette idée ni comment elle était arrivée dans la conversation, ce qui est sûr est qu’elle a fait rapidement son chemin : il s’était mis en tête de présenter dans différents villages où j’ai déjà travaillé des expositions un peu sauvages de mes Territoires du cinématographe, dans l’espace public, en plein air. « Sauvages » est un grand mot car il voulait évidemment impliquer les mairies, mais tout de même, il voyait quelque chose de guère formel, léger, éphémère, brut, facile à mettre en œuvre. Sans effort j’ai vu comme lui. Il avait pensé à Thueyts dans un premier temps, et puis peut-être Lussas. Pour quelle raison Thuyets ? Je n’en sais rien. Pourquoi la mairie a dit d’accord ? je n’en sais rien non plus, mais c’est oui. Les équipes communales sont ravies ! Philippe et Magali ont fait un premier repérage l’autre jour et inventé un parcours dans les rues du village. Ils m’ont envoyé des images modélisant les emplacements des photographies.

Je suis à Thueyts ce matin avec Magali pour valider ces idées de scénographie et les différents supports et tailles nécessaires. L’après-midi je choisis les images et nous terminons la scénographie sur nos écrans respectifs et d’ici un jour ou deux les fichiers partiront chez Tristan à La Fabrique de l’Image.

3 avril

Rideau général.

Enfin terminé de retranscrire et retravaillé notre conversation de novembre avec Moïse. Je la lui ai envoyée.

15 avril Thueyts

Rockette Morton takes off again into the wind
What do you run on, Rockette Morton?
(Say beans)
I run on beans, I run on laser beans

– Captain Beefheart, Trout Mask Replica

 

Depuis que nous sommes à nouveau priés de ne pas sortir de chez nous tout en étant incités à travailler, la question que nous nous posions quant à notre affaire, Philippe, Magali et moi, était de savoir si la mairie de Thueyts se cramponnerait à son enthousiasme ou à une interprétation stricte des recommandations gouvernementales. La semaine dernière ils ont tranché en faveur de l’enthousiasme. L’exposition est maintenue. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Question d’ordinaire métaphysique. Ici rien de plus concret : parce que c’est possible, que cela n’enfreint aucun arrêté préfectoral, et que cela réjouit les édiles. Le parcours en plein air mène de la place du Champ de Mars jusqu’à la salle de cinéma de La Vesprade, selon un itinéraire qu’empruntent chaque jour et légalement nombre d’Athogiens ne serait-ce que pour aller chercher leur pain. Aucune raison de les priver de ce signe de vie tel qu’il était prévu.

Magali est montée d’Aubenas dans la semaine pour rencontrer l’équipe municipale et leur donner les indications pour mettre en place les structures d’accrochage. Je ne sais à quoi ils fonctionnent ici (aux haricots laser comme Rockette Morton ?) ni même s’ils ont besoin d’adjuvant pour fonctionner en se réjouissant, toujours est-il que les services techniques et les employés de la mairie étaient comme on dit « à fond » et ont répondu à toutes nos demandes avec un zèle anachronique.

Ce matin c’est l’accrochage. Tristan, qui a tout imprimé, est venu de Meysse avec sa stagiaire Ilona. Il ne reste plus qu’à coller et suspendre les photographies. Une partie sont tirées sur adhésif pour être apposées sur des vitrines et des panneaux électoraux, une autre sur papier d’affichage à dos bleu à coller sur les murs, et une image est imprimée sur textile, destinée à habiller le porche du passage menant à la salle de cinéma de La Vesprade. Nous n’avons pas encore fini de coller que l’adjointe à la culture déjà nous rapporte les commentaires ébahis de quelques habitants… C’est bouclé en trois ou quatre heures. Le résultat est un peu sauvage donc mais pas trop, un peu irrévérencieux pour la photographie ce qui me plaît – badigeonner des tirages à la brosse à tapisser est un acte dont je me demande à chaque coup de brosse s’il est iconolâtre ou iconoclaste ! – et surtout généreux pour le passant, ce qui nous réjouit tous. Depuis le début de la matinée montait ce sentiment découvert avec Philippe à Photo Kathmandu fin 2015 et que je n’avais plus connu depuis : la joie de mettre de la photographie dans l’espace public. Sourire sur toutes les lèvres à nouveau, cette fois pour de vrai !

Sur la route retour, j’ai l’impression d’avoir posé un petit quelque chose dans ce village qui va peut-être rompre ce cercle brouillardeux, cette « mémoire sur de la mémoire renvoyant perpétuellement à de la mémoire », que Michel Foucault m’avait permis d’identifier au début.

27 avril, Nyons

Autrefois, l’agence VU’ ne communiquait pas d’informations sur les expositions qu’elle n’avait pas produite et dont elle ne tirait pas de bénéfices financiers directs. Les temps changent. L’autre jour j’ai envoyé à l’agence les photographies prises lors de l’accrochage athogien. Aujourd’hui c’était dans la lettre d’information. Plutôt bien !

Philippe ce matin au téléphone : le rideau de La Vesprade a été arraché. Il y a du vent dans ce passage. Bon, c’est le jeu du plein air et c’est la vie. Que celle-ci ne soit pas tout à fait endormie est bon signe.

16 mai, Thueyts

Reçu quelques images envoyées par Anne-Lore qui passait par là. Le rideau n’a pas été raccroché, elle a recollé des affiches qui se détachaient, mais les adhésifs ont tenu…

19 mai

Les salles de cinéma recouvrent le droit de fonctionner. Dans la prochaine livraison de ce journal, espérons que je pourrai raconter des souvenirs qui renverront à des événements bien vécus, et non à des « choses qui auraient bien voulu se passer et n’ont pas pu »…

 

 


1 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe I », blog Aux Bords du cadre [en ligne], 17 février 2020. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-i/. Consulté le 22 mai 2021.
2 Michel Foucault, « À propos de Marguerite Duras », entretien avec Hélène Cixous, Dits et écrits, vol. 1, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2001, p. 1631.
3 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe VII », blog Aux Bords du cadre [en ligne], mai 2021. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-vii/. Consulté le 22 mai 2021.
4 Voir le site de l’Anne-Lore Mesnage : http://anneloremesnage.com/ et celui de son projet rn7 : https://www.rn7.photography/. Consultés le 22 mai 2021.
5 Anne-Lore Mesnage et Frédéric Lecloux, série Olivier de Serres et la Compagnie Émilie Valantin, 2018. Voir quelques images sur https://www.fredericlecloux.com/gallery/olivier-de-serres-par-la-compagnie-emilie-valantin/.
6 « Junkspace est le fruit de la rencontre de l’escalator et de l’air conditionné, conçue dans un incubateur en placoplâtre (trois choses qui sont absentes des livres d’histoire). Junkspace est le double corps de l’espace, le territoire d’une ambition revue à la baisse, d’espérance limitée et d’importance réduite. Junkspace est le triangle des Bermudes du concept, un plat refroidi et délaissé. Il abaisse la barrière immunitaire, annule les distinctions, sape la fermeté, confond l’intention avec la réalisation. » Rem Koolhaas, Mutations, Barcelone, éditions Actar, 2001.
7 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe VII », op. cit.
8 Guy Debord (réal.) Hurlements en faveur de Sade [film], 30 juin 1952, 64 min.
9 Tony Scott (réal.), Top Gun [film], Paramount Pictures (prod.), 1986, 110 min.
10 Béla Tarr (réal.), Les Harmonies Werckmeister [film], 13 Productions (prod.), 2000, 145 min.
11 David Elliot, Kerry Brougher, Hiroshi Sujimoto, Berlin, Hatje Cantz, 2012, p. 76 sq. La série est également présentée, accompagnée de quelques images, sur le site Internet du photographe à l’adresse : https://www.sugimotohiroshi.com/new-page-7. Consulté le 22 mai 2021.
12 Mi-mai 2021, il ne l’est plus. Le site du cinéma annonce désormais : « Le cinéma Le Foyer géré par l’association de bénévoles ferme définitivement ses portes. Ce dernier deviendra Ciné7 dans une structure neuve sous la compétence de la Communauté de communes des Gorges de l’Ardèche. l’ensemble des bénévoles vous remercie pour votre fidélité ». Disponible en ligne sur https://cinema-ruoms.com/a-laffiche/. Consulté le 22 mai 2021.
13 Communauté de communes des Gorges de l’Ardèche, « Un cinéma intercommunal en 2021 » [en ligne]. Disponible sur https://www.cc-gorgesardeche.fr/spip.php?article662. Consulté le 22 mai 2021.
14 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe VII », op. cit.
15 Pierre-Jean Pluvy, « Cinéma de Ruoms : la fin d’une histoire », France Bleu Drôme Ardèche [en ligne], 28 mars 2019. Disponible en ligne sur https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/cinema-de-ruoms-la-fin-d-une-histoire-1553714359. Consulté le 22 mai 2021.
16 Conseil municipal de Cruas, « L’Espace Maurice Thorez d’hier à aujourd’hui », in Cruas Infos, n° 207, novembre-décembre 2015. Dispnible en ligne sur https://fr.calameo.com/read/004587547a16bc60fd6ec/. Consulté le 22 mai 2021.
17 Bertrand Blier (réal.), Calmos [film], Les Films Christian Fechner/Renn Productions (prod.), 1976, 107 min.
18 Louis Malle (réal.), Black Moon [film], Nouvelles Éditions de Films (prod.), 1975, 100 min.
19 Régis Wargnier (réal.), Je suis le Seigneur du château [film], Odessa Films (prod.), 1989, 88 min.
20 Patrice Leconte (réal.), Le Mari de la coiffeuse [film], Lambart Productions (prod.), 1990, 82 min.
21 Samuel Benchetrit (réal.), J’ai toujours rêvé d’être un gangster [film], Fidélité Films (prod.), 2008, 108 min.
22 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe IV », blog Aux Bords du cadre [en ligne], 6 juin 2020. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-iv/. Consulté le 18 mai 2021.
23 Rosalind Krauss, Le Photographique, Paris, Macula, 1990.
24 Danier Foliard, Combattre, punir, photographier, Paris, La Découverte, 2020.
25 Louis Malle (réal.), L’Inde fantôme. Réflexions sur un voyage [film], Nouvelles éditions de films (prod.), 354 min., 1968.
26 Louis Malle, L’Inde fantôme. Carnet de voyage, Gallimard, coll. « Blanche », 2005.

 


Quelques images de l’accrochage de l’exposition athogienne sont disponible sur les canaux de communication de la Maison de l’image : https://www.facebook.com/lamaisondelimageaubenas/posts/218082416780981. Et quelques images du résultat dans la page Expositions de ce site : fredericlecloux.com/expositions.


Photographie : Cinéma Le Foyer, Ruoms, 22 férvier 2021.